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France : bilan du suivi estival de la population de loups – été 2021

19 avril 2022
helene.fournet@ofb.gouv.fr

Rappel méthodologique

L’objectif du suivi estival (période d’avril à octobre) du loup est de détecter de potentielles nouvelles meutes mais aussi de mieux cerner l’organisation territoriale de groupes sociaux connus. Pour ce faire, le suivi estival du loup repose essentiellement sur le protocole du hurlement provoqué. Il consiste à stimuler le hurlement des loups afin de détecter la présence de jeunes et ainsi attester la reproduction de l’espèce sur une zone. L’utilisation des pièges photographiques permet également de compléter utilement le dispositif estival de suivi.

Depuis 2013, les opérations de hurlement provoqué ne sont plus systématiques, mais concernent uniquement les territoires sélectionnés au regard du bilan hivernal précédent et des informations collectées par le réseau les mois précédant les opérations. Il s’agit prioritairement des secteurs de présence « à confirmer » qui étaient au nombre de 23 en sortie d’hiver 2020-2021. De plus, les sites prospectés comptent aussi les nouvelles Zones de Présence Permanente (ZPP) « non meute » comptant au moins deux individus et les secteurs sur lesquels l’installation de meutes interstitielles est suspectée.

Parallèlement, la collecte d’informations se poursuit sur l’ensemble de l’aire de présence de l’espèce dans le cadre du suivi patrimonial porté par le réseau (récolte de tout indice de présence en routine sur l’ensemble du territoire par les correspondants). Ce bilan comporte en annexe la liste de tous les indices collectés entre le 01/04/2021 et le 31/10/2021.

Des opérations de suivi estival encore nombreuses cette année

Cette année, ce sont 53 prospections qui ont été organisées sur le terrain entre les mois d’août et septembre 2021. Les opérations ont toutes été organisées sur des territoires alpins et provençaux.

Au total, 24 opérations ont permis de confirmer une reproduction dans ces nouveaux secteurs. Un peu plus de la moitié des opérations se sont révélées négatives, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas permis d’attester la présence de louveteaux.

D’autre part, tout indice collecté de manière opportuniste (observation visuelle, photographie, dépouille) permettant d’attester la présence de louveteaux sur un massif est également pris en compte afin de documenter la reproduction de l’espèce au cours de la période de référence (1er avril au 31 octobre). 36 cas supplémentaires de reproduction ont ainsi été mis en évidence au cours de cette saison, sur des meutes connues ou non.

Ces résultats démontrent la complémentarité des opérations de hurlement provoqué et du suivi opportuniste dans le dispositif de suivi.

L’identification d’une reproduction sur un nouveau secteur permet d’attester, sous réserve de confrontation des résultats avec les meutes voisines, de la présence d’une nouvelle meute reproductrice, qualifiant de fait la zone en ZPP. Au total, 9 sur 24 Zones de présence qui étaient « à confirmer » en sortie  d’hiver dernier sont désormais qualifiées en meutes à l’issue de ce suivi.

Près de la moitié des nouvelles meutes mises en évidence au cours de l’été étaient pressenties en fin d’hiver ce qui conforte les capacités d’expertise du réseau et la réactivité du dispositif de suivi pour détecter les nouveaux groupes de loup.

Le réseau, un outil dynamique au service de la connaissance

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Le nombre de ZPP est en augmentation sur le territoire national. On remarque cette année encore une hausse importante du nombre d’indices collectés par les membres du réseau au cours de l’été.

Ce sont près de 2 400 informations qui ont été expertisées sur l’ensemble de l’aire de présence du loup en six mois. On remarque une forte activité sur le front de colonisation, avec de nombreux indices non retenus ou invérifiables. Les indices collectés en dehors du massif alpin représentent près de 25 % des données.

Une expansion démographique qui se poursuit avec 145 ZPP dont 128 meutes (le dernier bilan hivernal faisait état de 125 ZPP dont 106 meutes + 2 meutes sans indice)

Entre les mois d’avril et octobre 2021, 20 nouvelles ZPP ont été validées grâce à la détection d’une reproduction.

La nouvelle meute dénommée « Frontiera » située à l’extrême Est des Alpes Maritimes est très certainement une meute transfrontalière avec le versant italien (Val Pesio ?). Une seconde meute est identifiée hors des massifs alpins et provençaux, le Risoux dans le massif du Jura, grâce à une collaboration active avec nos collègues suisses.

Ce suivi permet d’attester l’existence de 128 meutes. On constate la densification des groupes sociaux sur certains massifs, notamment en Isère et dans les Alpes de Haute Provence et les Alpes Maritimes. L’extension de l’aire de présence se poursuit au sud des massifs historiques (Alpes Maritimes et Var), à l’ouest (Drôme) et au nord (Haute Savoie). Suite à une opération de hurlements provoqués organisée dans le Vercors drômois, la ZPP historique Vercors Ouest fait place à deux groupes : Pionnier et Gampaloux. A ce jour, aucune reproduction n’est identifiée dans le massif central ni à l’ouest de la vallée du Rhône bien que le nombre de contacts avec des individus installés ou en phase de dispersion soit en augmentation sur ces territoires.

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L’actualité du réseau sur les nouveaux secteurs à surveiller

Le bilan de ce suivi estival permet d’identifier de nouvelles zones de présence à confirmer en raison d’indices nouvellement collectés ou de suspicions d’installation de nouveaux groupes. On note cette année l’émergence de deux secteurs à surveiller en dehors des massifs historiques ; un premier en Occitanie, au sud du Tarn et un second à l’est de l’Ardèche.

Quelques actualités régionales au cours de la période du suivi estival

Pour la région Provence Alpes Côte d’Azur, la densification de certains secteurs historiques se poursuit. Certains nouveaux groupes ont été mis en évidence à la suite de hurlements provoqués (HP), organisés sur des secteurs ciblés où l’existence de groupes interstitiels était suspectée.

Parfois ces opérations de HP donnent des résultats non interprétables : par exemple lorsque seuls des adultes sont détectés ou bien lorsque seul un groupe répond alors que deux groupes sont suspectés. C’est pour cette raison que certains secteurs conservent un statut « à surveiller » (Brandis). D’autres nouveaux groupes ont été détectés grâce à des pièges photographiques qui ont permis d’observer la présence de jeunes ou lors d’opérations de protection des troupeaux. Dans les Hautes Alpes, nous ne sommes pas parvenus à différencier formellement le groupe présent sur le secteur de Clarescombes des ZPP adjacentes malgré l’organisation d’une opération de hurlements provoqués de grande ampleur. Dans l’attente d’informations simultanées, notamment en provenance de la ZPP de Lure et de la ZPP de Chabre, nous classons donc cette zone comme un secteur à surveiller. Dans les calanques, qui étaient jusqu’à présent un secteur à surveiller, deux individus ont été repérés grâce aux pièges photos posés par le Parc national. Même scénario sur Ceüse, où deux individus ont été détectés. Les opérations de HP sur ce secteur n’ont pas permis de repérer une éventuelle reproduction.

En région Auvergne Rhône Alpes, la colonisation de l’espèce suit son cours en périphérie du noyau de population. La Drôme connait la plus forte évolution avec notamment la densification des meutes sur le massif du Vercors et dans le sud du département. Les différentes opérations de hurlements provoqués ont été fructueuses, seule la ZPP La Lance a acquis le statut de meute reproductrice grâce aux pièges-photographiques. A noter que la nouvelle ZPP Aiguebelle est la meute reproductrice la plus à l’ouest pour la   région AuRA, située   au   sud-est   de   Montélimar.   La densification de l’espèce se poursuit également plus au nord en Haute-Savoie avec la confirmation de deux nouvelles meutes reproductrices (Dent d’Oche et Posettes), identifiées respectivement par une opération de hurlements provoqués, et via des photos de louveteaux au piège- photographique. Idem en Isère avec une densification sur le massif des Grandes Rousses avec deux nouvelles ZPP (Eau d’Olle et Rousses-Sarenne), et surtout, un nouveau secteur d’installation au nord du département, en plaine (secteur Bonnevaux). Si la situation semble stable en Savoie, les réunions avec les correspondants du réseau ont permis d’identifier des zones de vigilance où le suivi sera accentué cet hiver, à savoir sur le versant chambérien de la Chartreuse, le nord du massif de Belledonne, la vallée de l’Arvan, les vallées des Belleville et de Pralognan et le massif du Beaufortain. Côté Auvergne, l’installation d’un potentiel troisième individu sur le Cantal est à surveiller lors du suivi hivernal.

Une progression territoriale de l’espèce qui se poursuit

En conclusion, ce bilan estival recense 145 Zones de Présence Permanente dont 128 meutes et 17 non meutes, avec une poursuite significative du développement territorial de l’espèce. Ce sont 60 cas de reproduction qui sont mis en évidence au cours de la période de suivi. D’autre part, ce sont 23 secteurs à surveiller qui sont identifiés à l’issue de l’été, le prochain suivi hivernal s’attachera à documenter la situation sur ces territoires.

Le déploiement progressif du réseau loup lynx sur l’ensemble du territoire national permet d’optimiser la distribution spatiale des correspondants dans l’objectif de détecter et suivre la présence de l’espèce. L’effort de formation consenti ces derniers mois permettra d’améliorer la couverture du réseau et sa réactivité. Le développement en cours d’une base de données accessible à l’ensemble des correspondants améliorera la circulation des informations et facilitera l’accès aux résultats dans un contexte d’essor du réseau.

Vous pouvez retrouver ces données sur le site loupfrance.fr, outil officiel de l’OFB de diffusion des connaissances sur le loup en France : https://www.loupfrance.fr/bilan-du-suivi-estival-de-la-population-de-loup-ete-2021/